PVP 2011

Premier train samedi matin, au départ de Rennes pour Paris. J’enchaine directement avec un train de banlieue pour Saint Quentin. Le départ n’est pas tout proche de la gare, c’est un peu la galère avec la valise pour les vacances et le vélo dans le sac… Il y a beaucoup de nationalités, mais les échanges sont quasi inexistants. Je grignote un petit truc et remonte ma machine. Je passe aux inscriptions, rien a signaler.
J’attends mon ami qui passe me chercher sous une grosse chaleur, cela me permet de voir quelques amis cyclistes. La soirée avec mon ami est l’occasion de se promener aux étangs de Cergy, je ne pense pas trop à ce qui m’attend le lendemain, tant mieux…
Le lendemain, je prends deux trains pour rejoindre le départ, je croise un nordiste bien sympathique, on discute et on arrive a 11h. Il fait déjà chaud et je décide de manger tout de suite en arrivant pour bien digérer. Je croise un anglais déjà vu sur le brevet de 600, on discute pas mal mais le temps ne passe pas bien vite… Je reviens au gymnase vers 13h, il ne se passe pas grand chose, je reste à l’ombre, le soleil tape fort.
Peu avant 14h, je suis la meute et rentre dans la file pour prendre le départ. Nous sommes 1200 à partir à 16h, pour ne pas lâcher tout le monde en même temps, trois groupes de 400 partiront avec 20 minutes d’intervalle. Et tout le monde veut partir dans le premier… Après une heure à peu près à l’ombre, on nous avance, mais au soleil. Les premiers pointages ont lieu à 15h15, cela avance mais les 400 premiers vont sur la ligne. Une deuxième vague est lancée 20 minutes après, mais je suis juste derrière les derniers. Encore 20 minutes à attendre, debout au soleil. Tout le monde commence à en avoir marre… Nous partons finalement tant bien que mal à 16h50.
Le départ se fait sous bonne escorte, avec une voiture et deux motos. La vitesse est modérée, des retrouvailles entre anciens participants ont lieu, il y a une bonne ambiance. Le groupe est compact jusqu’à la première montée, je me sens pas super en forme et je sais qu’il faut laisser partir… Les groupes sont gros pendant encore un bon moment, avec pas mal de gens qui roulent à gauche, ce que je ne comprends pas trop… Les voitures en face doivent s’arrêter pratiquement dans le fossé pour ne pas rentrer dedans…
Après 50km, je commence à sentir mon genou, je ne m’affole pas et mouline le plus possible, je ne sens pratiquement rien lorsque je ne force pas. Et puis c’est très plat, avec un petit vent de face tout de même. Un coréen perd son chasuble, je lui signale et il fait demi tout pour aller le chercher. Il revient dans mon groupe et nous discutons un peu. Mon genou n’est pas bien vaillant, dès que je force cela me fait vraiment mal.
Plus nous approchons de Mortagne, plus la route se fait vallonée. Je suis à l’arrêt dans les montées, mon genou et mon mental ne suivent plus. A peine plus de 100km et déjà une belle inflammation du genou, je ne souhaite pas continuer.
Le contrôle me fait du bien, je passe par la Croix Rouge mettre de la glace et je mange un morceau. Je m’arrête assez longtemps et repars avec le coréen. Je reprends espoir, les vingt kilomètres suivant se passe bien, j’emmène quelques personnes dans mon sillage. Quelques groupes nous doublent, le coréen en prends un et me demande de le suivre. Le rythme n’est pas violent, mais mon genou se réveille petit à petit. La douleur est lancinente et modifie ma façon de pédaler. C’est très fatiguant, je suis beaucoup moins économe et je pédale pratiquement qu’avec la jambe droite. Quand je me lève sur les pédales, je le regrette assez vite, la douleur étant bien plus vive, mais au moins j’arrive à bien avancer.
Au fil des kilomètres, je me fais à la décision la plus raisonnable quant à la souffrance que je subis. Je ne me vois pas continuer comme cela encore plus de deux jours. J’aimerais tant continuer, mais ce n’est pas possible. Je suis très difficilement le même groupe. Je vois que les autres ne forcent pas, les montées sont pour moi très difficiles et je dois me battre pour ne pas m’arrêter au bord de la route.
Arrivé au contrôle de Villaines la juhelle, je vais pointer et retrouve l’anglais parti vingt minutes avant moi. Je discute avec lui et lui confie mon impossibilité de continuer. Je n’arrive pas à me faire à l’idée que je dois abandonner… J’ère dans le contrôle, n’osant pas demander ce qu’il faut faire pour se rendre. Je vérifie tout de même qu’il y a un dortoir, et je prends une bouteille d’eau pour réfléchir encore un peu. J’apprends que les gares les plus proches sont Alençon et Evron. Mon genou me fait mal quand je marche, je prends la décision et je passe au pointage pour connaitre la procédure. On me demande encore si je suis sûr, cela devient pénible après avoir croisé une connaissance qui m’a ris au nez quand je lui ai dit que j’arrêtais… Enlever la plaque du vélo me fait mal au coeur, je ne suis vraiment pas fier. Je prends une bonne douche et me couche avec envie de dormir autant pour me reposer mais surtout pour arrêter de cogiter. Il est pratiquement 3h du matin.
Un ronfleur me réveille à 6h, je n’ai toujours pas d’appétit, je n’ai rien mangé depuis des heures. La gare d’Evron est plus proche, mais les trains pour Paris sont des TGV après une correspondance au Mans, donc pas possible pour les vélos. Alençon est relié au réseau TER normand, avec correspondance pour Paris. Je pars avant l’aube, à pied dans Villaines, avec la honte d’abandonner. J’évite la route du PBP, je suis enfin seul sur la route. Je roule à ma main, je connais cette route, je l’ai déjà empruntée pour venir à Paris en juillet. La comparaison fait très mal, je comprends mieux mes sensations de la veille avec cette référence. Mon genou m’empêche de rouler à ma vitesse dans un facteur à peine croyable. J’arrive à la gare après 35km, et vois le panneau avec tous les trains supprimes… Il y a là un cycliste, on parle anglais, il est allemand et a abandonne dans la nuit, il avait déjà deux heures de retard au premier contrôle, je crois l’avoir vu vomir au bord de la route au départ. Il a insisté un peu après Villaines mais a fait demi tour après un nouveau vomi…
Le bus de remplacement ne pourra surement pas prendre les vélos, et il va au Mans, gare TGV où les vélos sont interdits. Je demande a la préposée si un train normand n’irait pas à Paris avec une halte proche, c’est le cas. Surdon est une tout petite gare à côté de Sées, une très jolie ville.
Le train est à 10h30, il nous reste à peine deux heures pour 30km, la route du retour est longue…
Arrivés à la gare, un troisième arrive, belge cette fois ci, mais aussi malade toute la nuit. On se sent beaucoup moins seul, l’abandon est moins amer.
Le train est bondé, je ne peux pas m’assoir avec eux, je reste garder les vélos. Deux heures plus tard, assis par terre, nous arrivons à Paris. Le belge repart vers le départ récupérer ses affaires, j’accompagne l’allemand vers la gare de l’est. Nous mangeons au Subway, bof bof… Sa conduite en ville est assez… spéciale! Il ne tient pas compte des panneaux ou des feux, je n’aime pas ça du tout! On arrive en début d’aprem à la gare de l’Est. Après quelques péripéties pour changer ses billets, il est contraint de prendre un hôtel et un billet à 200€ pour rentrer… Trop cher abandon, je suis triste pour lui. Il ne veut plus entendre parler de longue distance! Je le laisse sur le parvis, je dois encore aller à Cergy.
Je rejoins Nation en passant par le centre, ça grouille de touristes, même en vacances, Paris me saoule. Une fois sur le quai, je ne comprends pas trop les indications. Aucun train pour Cergy, l’une des trois branches ouest du RER A. Ne souhaitant ni aller à Saint Germain ni à Poissy, je prends l’autre choix, La Défense. Une fois arrivé, j’entends que la branche de Cergy est hors de service, bon… Je connais un peu le coin, je décide d’aller à Poissy et monter l’Hautil par Triel, connaissant déjà la route par Chanteloup (toujours l’escapade de juillet!).
Je me pose enfin à Cergy le Haut sur les coups de 17h, il me reste un peu de temps avant de retrouver mon ami, j’en profite pour boire une bonne bière en terrasse, je l’ai pas volée!