24H de Cergy 2010

Contrairement à l’année dernière où je ne pouvais pas participer, j’ai voulu prendre ma revanche sur les 24H de Bonnac où j’ai pas vraiment été à la hauteur (même pas 200km!).

La logistique commence à être bien rodée, je sais de quoi j’aurais besoin, sans remplir la voiture jusqu’au plafond. Je décide de ne pas prendre de tente, si vraiment j’ai envie de dormir, je me contenterais du fauteuil passager.

Aurélie profite de ma montée à Paris pour voir des amis, j’en ferais de même vendredi soir à une pendaison de crémaillère, un peu de punch et de rouge ne feront pas grand mal! Après une bonne nuit et un délicieux petit déjeuner, je rejoins mon emplacement, à côté d’autres solos. Je suis juste à côté de Rone et Judi, je fais connaissance. Après le retrait du dossier, la préparation de la bouffe et du vélo, je suis prêt en avance, je règle encore deux trois détails et c’est parti pour rejoindre le départ, qui est à 14h!

Tout le monde est prêt 25 minutes avant le départ, et il se met à flotter sévère… Heureusement ce n’est que passager, et le décompte final se fera au sec.

Comme d’habitude c’est n’importe quoi ce départ, on est emporté par la meute, j’ai du mal à trouver mon vélo, et après, zou! C’est parti!

Assez vite je sens que j’ai les jambes qui répondent, le circuit est roulant et permet de maintenir une bonne moyenne sans trop forcer.

Après 2h30, ma fourche talonne. Je n’ai plus de débattement, les fourreaux sont collés au T. La moindre racine m’envoie un choc dans les paumes, les descentes provoquent un bruit de casserole pas rassurant. Je connais le problème, je viens de remonter cette fourche qui revient de SAV. Je l’avais envoyé après Bonnac, elle m’avait déjà fait la même chose. Je croyais le problème réglé…

Je n’ai de toute façon pas le choix, il va falloir y aller!

Alors je roule, en essayant de ne pas me faire trop mal, en dosant mon effort pour tenir toute la durée raisonnablement. L’expérience joue beaucoup, entre les 24H que j’ai pu faire auparavant et les longues distances sur route, je me convainc que je suis capable de tenir.

Après 7 heures de course j’ai fait 17 tours. Il est dont 21h, j’installe mes lumières et me pose pour manger. J’ai bien profité du jour pour rouler, on roule toujours moins vite la nuit, autant s’arrêter sur cette période. Je croise régulièrement mon voisin Judi. Il est plus rapide que moi mais fait plus d’arrêts. Au final on est toujours à peu près dans le même tour, je pense même qu’il a un tour d’avance, mais je ne suis sûr de rien.

Je ne souhaite pas regarder le classement, mon seul but est de rouler le plus vite et le plus longtemps possible, plus que ce que j’ai déjà pu faire. Le terrain est idéal, le temps est clément, mon vélo roule pas mal même si je suis en tout rigide. J’ai pris sur moi pour ne pas me fixer des objectifs trop ambitieux, m’imposer une pression que je ne sais pas gérer et qui me fait perdre mes moyens.

Je m’arrête de nouveau vers minuit pour manger. Je n’arrive pas à m’alimenter sur le vélo, mes mains me font mal, la fourche rebondit sur les petits obstacles, et je ne suis pas bien habile avec mes gants longs. Je prends donc une dizaine de minutes pour manger un sandwich et faire des étirements. J’ai fait 23 tours en un peu plus de dix heures, on est pas encore à la moitié, et je sais que la suite est le plus difficile, c’est bien mais faut rien lâcher!

J’apprécie les arrêts autant pour le changement de position que pour l’effet sur ma fourche. En effet, celle ci se regonfle à l’arrêt, et je retrouve une suspension pour quelques dizaines de minutes quand je repart. Mes mains et mes bras apprécient!

Je repars pour trois tours, avant de m’arrêter manger de nouveau. Mes jambes répondent encore bien, j’enchaîne aussitôt pour trois nouveaux tours avant un nouvel arrêt. Puis encore deux tours. Il est 4h45 avec 32 tours, pratiquement 270km. Il reste alors 9h de course, je sens mes jambes lourdes et je suis las. Je me remotive alors m’imposant un challenge, faire au moins 400km.

J’établis un plan de route assez simple, deux tours à l’heure, pauses incluses. Cela m’amènerais à 32 + 9×2, soit 50 tours, et 425km. J’arrive péniblement à faire les deux tours suivants en 30 minutes, ce n’est pas gagné! Peu importe, j’ai deux tours d’avance sur mon objectif de 400km (48 tours, 408km).

Ainsi je boucle mon 36ème tour à 7h, c’est enfin l’aube, j’enlève les loupiottes et repars pour 3 tours, remotivé par la lumière du jour. A 8h30, j’entame mon 40ème tour. Il me reste 9 tours pour atteindre 48 tours et ses 400km. Je sais que je ne les ferais pas en moins de 4h30, ce qui me laisse une heure de rab’ pour les pauses et, éventuellement, un dernier tour.

Je découpe ces 9 tours en trois triplettes. Je commence à compter chaque passage difficile en me disant que cette côte, je te grimpe encore 7 fois et cela voudra dire que c’est fini. Je ne suis plus vraiment lucide, je fixe mon attention sur la trace que j’emprunte, et sur le menu de ma prochaine pause.

A 10h, j’ai fini ma première triplette, je m’arrête un bon quart d’heure, je suis dans les temps mais il reste encore 4h. Il faut alors faire preuve d’abnégation et d’espérer que son corps va tenir le coup face aux sollicitations. Il n’y a pas beaucoup d’endroits où je n’ai pas mal, la douleur aux jambes quand j’appuie fort reste la plus aiguë. Je lève alors un peu le pied et les choses ne vont du coup pas si mal!

Je finis la deuxième triplette à midi moins le quart, je suis parfaitement dans les temps. Je crois Judi qui me dit qu’il lui manque un tour dans le classement, car il est censé avoir un tour d’avance. A vrai dire je n’y fait pas vraiment attention, ce que je réalise suffit à ma satisfaction. Je suis plus là pour le dépassement de soi que pour la première place. D’ailleurs je dis à Judi que je ne compte pas faire 4 tours dans les deux dernières heures, je suis trop épuisé. Je repars avec lui, je le laisse partir et je le verrais arrêté au tour suivant. Il a été vraiment meilleur que moi, il mérite amplement sa première place.

Les deux tours suivants sont difficiles, mes jambes ne répondent pas et je n’ai plus de jus. J’insiste un peu et je passe à 13h sur la ligne. C’est le dernier tour. J’essaye d’aller vite, mais je n’y arrive pas. Je donne ce qu’il me reste et je passe la ligne à 13h25. J’ai largement le temps de boucler un dernier tour, mais depuis quelques heures je décompte les tours un à un, jusqu’au zéro tour, synonyme de repos et d’objectif atteint. Alors c’est non, je ne pédale plus!

J’attends un peu Judi pour le féliciter, je ne le verrais pas. J’apprendrais qu’il a finalement fait un tour supplémentaire, bravo! Et vu les temps, il n’a pas chômé sur ses trois derniers tours!

Je rejoins mon camp de base, j’y retrouve des amis et Aurélie, je suis un peu perdu, un peu stone. Je prendrais une douche chez mon pote de Cergy, je me débarbouille et range toutes les affaires avant le podium. Mon corps me rends bien les heures d’effort, mes muscles sont douloureux et je ne peux pas me baisser…

On rejoins le podium, on me demande si je vais réussir à monter dessus, c’est vrai que j’ai une sale tête! J’ai bouffé de la poussière pendant 24h sans fermer l’oeil, j’ai les yeux injectés de sang. Il n’y a pas de lot en dehors de la tombola, je trouve ça bien. En effet, on aura vu beaucoup de triche dans la nuit, mettre l’accent sur la compétition empirerait le problème.

Je me fais conduire jusqu’à Rennes avec deux étapes, repas et douche. Je ne dors pas vraiment dans la voiture, je suis donc pressé de me coucher, il est 22h, une longue et belle journée viens de se terminer. Et comme je l’ai découvert à la radio dans la soirée, les souvenirs se gravent pendant notre sommeil, j’associerais peut être une future douleur physique à ces 24H qui ont vraiment été difficiles!

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